Récit d’une alchimie
Gauenne, Francesca et Alexandre, architectes et paysagiste archi5, participent au projet de logements au cœur de la Cité des Poètes (Malakoff). Ensemble, ils donnent un nouveau départ à cette cité-jardin de l’après-guerre.
Concours remporté en 2022 par archi5 et Olivier Sinet.
La Cité des Poètes est un ensemble dense de logements des années 50. Sa rénovation débute en 2019 par la démolition des barres Rimbaud et Verlaine, remplacées par ce projet de 64 logements répartis sur deux îlots de deux bâtiments chacun.
« L’objectif de l’aménagement urbain est de faire évoluer la Cité en un nouveau quartier et assurer les continuités visuelles au travers de logements aux typologies variées. » confie Gauenne.
« Nous avons envisagé dès la première visite, face à la richesse de la nature du site et de ses environs, de favoriser et d’amplifier les continuités végétales existantes et retrouver le caractère paysager de la Cité », poursuit-elle.
« La Cité des Poètes a été construite dans l’esprit des parcs urbains, sur le modèle de cité-jardin. Son parc a une histoire. Les arbres ont tous été plantés au moment de la construction des ensembles collectifs et beaucoup des habitants actuels ont vu la végétation grandir. Notre parti-pris a été de conserver les arbres pour préserver le patrimoine », précise Alexandre.
Le récit devient limpide. Le projet est nommé « Haïku », ces poésies japonaises qui célèbrent l’évanescence des choses et les sensations qu’elles suscitent, souvent en lien avec la nature et les saisons. Ce nom traduit bien l’intention du projet : créer une émotion par l’environnement.
Et pour différencier les îlots, chacun est nommé d’après l’arbre le plus emblématique du site : « Haïku Judée » pour un îlot et « Haïku Cèdre » pour l’autre. Tous deux ont été déplacés de quelques mètres avec soin pour permettre la réalisation du projet. Préserver tout ce qui est possible, transplanter si besoin, et venir enrichir la palette végétale.
« On fera du mobilier avec le bois des quelques arbres que l’on ne pourra pas sauver », souligne Alexandre.
Tout se garde, rien ne se perd, la nature est précieuse.
« Tous ces gestes participent à la qualité des logements et offrent une atmosphère plus proche de la nature et l’histoire du lieu », explique Gauenne.
« Notre décision de construire en bois n’est en effet pas aléatoire et découle directement de l’existant : un site arboré dans la ville autour duquel une communauté se crée. En tant qu’architectes, nous nous attachons à améliorer la vie des usagers, tout en veillant à préserver le site et sa biodiversité. Le projet Haïku représente une parenthèse architecturale dans la nature et le temps », confie Francesca.
En rez-de-chaussée, les nouveaux logements disposent d’espaces privés prolongés par des jardins. Les séjours en angle offrent une double exposition avec des vues prolongées sur l’extérieur paysager. Le R+3 est réservé à des duplex sous les toits pensés comme des maisons, avec de grandes terrasses attenantes. Les parkings sont désormais en sous-sol pour maximiser la surface de pleine terre.
« Grâce à l’omniprésence du bois dans le projet, les bâtiments font corps avec la nature, ce qui fonde l’identité du nouveau quartier », conclut Gauenne.
La livraison du projet est prévue en 2026.
Gauenne, chargée de projet :
Gauenne est née à Lyon mais a grandi en Corée. Elle étudie l’architecture à l’Université féminine d’Ewha à Séoul. Elle souhaite ensuite approfondir ses connaissances et son expérience dans le domaine de l’architecture en France. C’est à l’ENSA Paris-Belleville qu’elle poursuit ses études en master et obtient son diplôme d’architecture ainsi que l’HMONP. Forte de cette expérience enrichissante et multiculturelle, elle souhaite développer son expérience professionnelle chez archi5, agence qu’elle intègre il y a maintenant 6 ans.
Francesca, assistante de projet :
Francesca est née et a grandi à Aversa, dans la région de Naples. Elle tire sa sensibilité architecturale du patrimoine italien. Passionnée par l’art, le design et la musique, elle s’appuie sur cette triade particulière pour développer sa vision architecturale.
Diplômée de l’Université d’architecture Luigi Vanvitelli (2020), Francesca rejoint archi5 en 2020. Elle travaille sur plusieurs projets à l’agence dont la Cité des Poètes.
Alexandre, paysagiste :
Alexandre est diplômé des ateliers de l’ENSAP Bordeaux. Même si l’envie de devenir paysagiste est présente assez tôt dans son parcours, il commence par s’initier à une certaine forme de pratique artistique en passant par la faculté d’arts plastiques. La pratique du dessin lui apporte une liberté, une aisance dans la conception spatiale qui l’accompagne depuis. Son envie de créer de l’émotion et d’amener de la découverte le guide dans tous ses projets. Il rejoint le pôle archi5 paysage il y a 2 ans.
